Nous vous partageons notre vision de l’accueil inclusif dans cette allocution lors de la participation au forum « HANDICOM » à Charleroi en octobre 2016.
Tout à commencé…
Tout d’abord, il faut savoir que la crèche « l’Arbre à Cabanes », milieu d’accueil de 40 places subventionné par l’ONE, fait partie de l’asbl « Crèche de Saint Jean et Cothan » à l’initiative de la CNDG, elle-même en lien avec le centre Cothan , un centre de réadaptation fonctionnelle accueillant des enfants des troubles neurologiques avec troubles moteurs prédominants, qui géographiquement est notre voisin direct…
C’est donc tout naturellement que, lorsque l’idée de la création d’un nouveau milieu d’accueil a pris forme, a parallèlement germé l’idée de pouvoir accueillir des enfants en situation de handicap et notamment des enfants présentant une infirmité motrice cérébrale en développant un partenariat entre la crèche et Cothan. L’idée de départ étant de pouvoir transposer le travail thérapeutique et psychosocial réalisé par Cothan à la crèche et de l’intégrer dans les journées d’accueil des enfants.
Lorsque la crèche a ouvert en juin 2010, il était clair qu’un des grands principes du projet pédagogique serait l’accueil d’enfants en situation de handicap… Le PO avait d’ailleurs inscrit dans les grandes lignes du projet d’accueil présenté à l’ONE, que 4 places seraient réservées à des enfants IMC et les locaux avaient d’ailleurs été pensés dans ce sens (local destiné aux thérapies individuelles par exemple).
Nous avions un bâtiment flambant neuf, une nouvelle équipe qui adhérait aux principes de ce projet spécifique et nous avions entendu parler de la fameuse notion d’inclusion…
Notre grand défi fût d’essayer de comprendre ce que pouvait bien signifier l’inclusion d’enfants en situation de handicap en crèche et de tenter de mettre en pratique un tel concept…
Notre grand défi fût d’essayer de comprendre ce que pouvait bien signifier l’inclusion d’enfants en situation de handicap en crèche et de tenter de mettre en pratique un tel concept…
Nous avons tout d’abord travaillé en équipe sur les représentations du handicap par le biais de journées pédagogiques et de formations en lien avec l’inclusion. Nous avons pensé et mis en pratique les principes de notre projet pédagogique dans une perspective d’un accueil de qualité pour tous répondant aux besoins spécifiques de chacun car au-delà du projet spécifique d’inclusion, nous devions créer notre propre identité en tant que nouveau milieu d’accueil. Nous avons également dû nous positionner par rapport aux 4 places réservées aux enfants IMC. En effet, en lien avec le code de qualité et les principes de non discrimination, notre crèche, accueille tous les enfants, quelques soient leurs spécificités et pour autant que notre projet puisse rencontrer les besoins de l’enfant et de sa famille mais nous souhaitions maintenir cette particularité et développer une collaboration forte avec les professionnels de Cothan…
Tout cela nous a pris du temps, si bien que les premiers accueils d’enfants en situation de handicap ont commencé environ 1 an après notre ouverture…
Au fil du temps et des expériences rencontrées, nos objectifs se sont précisés :
- Nous souhaitons proposer une ouverture à la diversité quelle qu’elle soit, en développant une philosophie d’accueil intégrant naturellement l’inclusion d’enfants en situation de handicap à notre projet global de crèche
- Nous avons la volonté d’offrir un accueil de qualité pour tous en répondant aux besoins spécifiques de chacun
- Nous voulons soutenir les familles confrontées au handicap de leur enfant en leur proposant une prise en charge thérapeutique intégrée à l’accueil assurée par des intervenants extérieurs. Ce non-morcellement des journées ayant pour but de proposer un répit aux parents et d’éventuellement se réinsérer professionnellement si à l’annonce du handicap, l’un d’eux avait mis cela entre parenthèse.
- Enfin, nous souhaitons proposer une alternative à l’accueil spécialisé ; l’inclusion permettant aux parents, en concertation avec les professionnels qui les accompagnent, de poser le choix d’un accueil dans une structure ordinaire ou spécialisée
Dans ce cadre, développement d’un accueil inclusif pour les enfants en situation de handicap grâce à :
En concertation avec les parents et les professionnels qui accompagnent la famille, nous accueillons les enfants en situation de handicapsans distinction dans les pathologies rencontrées. Quatre places sont néanmoins réservées à des enfants présentant une infirmité motricecérébrale dans le cadre du travail en synergie que nous avons développé avec le centre Cothan : thérapies (kinésithérapie, ergothérapie, logopédie,…) intégrées à l’accueil, groupes parents-enfants (travail éducationnel, soutien psychologique,…), soutien à l’équipe de la crèche,…
Et en pratique ?
Au travers de nos expériences, nous avons vite réalisé qu’un accueil inclusif nécessite tout d’abord le développement d’un travail en réseau pour que l’équipe de la crèche puisse s’appuyer sur les compétences des professionnels du secteur (services d’aide précoce, ONE, kinés, médecins,…) mais qu’une étroite collaboration avec les familles et la pédiatre référente de la consultation ONE de la crèche est également indispensable.
Ces différents partenariats permettent une prise en charge thérapeutique intégrée à l’accueil mais aussi un soutien à l’équipe d’accueillantes dans ses différents questionnements liés aux spécificités des enfants accueillis.
Dans notre crèche, cela se traduit par des séances thérapeutiques individuelles (comme par exemple de la kinésithérapie) qui sont organisées pendant la journée d’accueil de l’enfant à la crèche, mais aussi par des rencontres entre les différents professionnels extérieurs au milieu d’accueil, les familles et l’équipe de la crèche. Ces réunions permettent à chacun de prendre un temps formel pour réfléchir le projet de l’enfant, évaluer l’adéquation de l’accueil proposé avec les besoins de l’enfant et d’ajuster les pratiques.
Très rapidement, cette ouverture vers l’extérieur nous a montré qu’il était indispensable d’assurer une bonne communication entre nous, les parents et les intervenants. Pour ce faire, nous avons développé la fonction de puéricultrice « relais » dans l’accueil de ces enfants. Leur rôle n’étant pas de s’occuper exclusivement de ces petits mais bien d’assurer une bonne communication entre tous les acteurs. Elles sont en quelque sorte « la mémoire de l’enfant ».
Cette fonction particulière nécessite une certaine disponibilité notamment lors de leur participation aux différents réunions et, pour que cette disponibilité n’impacte pas sur le travail de l’équipe, nous faisons appel aux services du CCE par le biais de du projet « grandie et s’épanouir dans la diversité ». Ce partenariat nous permettant d’obtenir le renfort d’une puéricultrice au sein des espaces de vie lors des réunions.
Par rapport à l’accueil des enfants présentant une infirmité motrice cérébrale et comme expliqué au début de la présentation, une des particularités de notre projet est l’étroite collaboration que nous avons développée avec le centre Cothan.
En effet, en fonction du choix des parents et de la pathologie de leur enfant, une prise en charge thérapeutique par Cothan est possible au sein même de la crèche.
Cette dernière est assurée par une équipe référente pour ce projet (neuropédiatre, kiné, éducatrice, ergothérapeute, logopède, psychologue) et regroupe des séances thérapeutiques individuelles. Concrètement, cela signifie que l’enfant bénéficie de séances de rééducation pendant sa journée à la crèche, en étroite collaboration avec l’équipe pour assurer la bonne organisation des thérapies (respect du rythme de l’enfant, respect des moments de jeux,…).
Un soutien éducationnel et psychosocial aux familles est également proposé ; il se traduit par ce que nous appelons des séances « parents-enfants » : une fois par semaine, les parents accompagnent un moment de vie de leur enfant (jeux, repas) en salle de thérapie où ils sont eux-mêmes accompagnés par un professionnel de Cothan dans une démarche de soutien rééducationnel et psychologique. Ces séances, lorsque plusieurs familles y participent, peuvent également devenir un lieu d’échanges privilégié entre parents.
Il s’agit donc d’une collaboration étroite et soutenue qui mobilise les équipes de nos 2 institutions dans une dynamique se centrant sur un accueil de qualité.
Enfin, pour l’équipe de la crèche, des rencontres régulières (réunions mensuelles, interventions au sein des espaces de vie) permettent un soutien et un accompagnement des puéricultrices par rapport aux questionnements liés à l’accueil de ces enfants (positionnements lors des jeux, lors des repas, des changes, utilisation de matériel spécifique comme des atèles, des stations debout, comment soutenir l’autonomie de l’enfant…).
Il s’agit donc d’une collaboration étroite et soutenue qui mobilise les équipes de nos 2 institutions dans une dynamique se centrant sur un accueil de qualité.
Jusque maintenant, j’ai beaucoup parlé de l’importance du travail en réseau et des collaborations qui en découlent mais qu’en est-il pour l’équipe et pour leur travail dans l’accueil au quotidien ?
Je serais tentée de dire qu’il s’agit simplement d’accueils comme tous les autres…
En effet, en crèche, chaque enfant accueilli est différent : que ça soit dans son développement psychomoteur, dans ses besoins (rythme), dans son contexte familial, social, culturel,… Cela ne signifie pas que les spécificités des enfants en situation de handicap doivent être effacées mais que nous devons davantage être attentifs à ce qui est commun à tous les enfants accueillis. Pour ce faire, assurer de bonnes conditions d’accueil à l’équipe est essentiel.
Selon, notre vécu, cela nécessite de pouvoir recevoir les craintes et les questionnements de chacun, de les réfléchir et de les travailler en équipe, de développer une dynamique d’accueil en lien avec un projet pédagogique cohérent soutenu par ses acteurs de terrain.
Au-delà d’un projet spécifique, nous souhaitons que l’inclusion s’inscrive comme une véritable philosophie d’accueil au bénéfice de tous les enfants accueillis et de leur famille, quels que soient leurs besoins et leurs spécificités ainsi qu’au bénéfice de notre projet pédagogique.
Il est important que l’équipe ne ressente pas d’insécurité et ceci passe par la création de ce fameux travail en réseau, la mise en place des partenariats évoqués plus haut mais également par des conditions de travail qui permettent de ne pas appréhender de manière négative les besoins spécifiques d’un enfant mais plutôt de la recevoir et de les réfléchir pour faire « pareil autrement ». Je pense notamment au taux d’encadrement qui doit être suffisant pour rendre possible un accueil de qualité pour tous.
Toutes ces balises, permettent à l’équipe d’envisager l’accueil de manière sereine au gardant les besoins de l’enfant au centre des préoccupations comme pour tout autre accueil…
En conclusion, le projet de notre crèche aujourd’hui est de défendre notre identité d’un milieu d’accueil ordinaire cultivant un accueil inclusif au sens large.
Au-delà d’un projet spécifique, nous souhaitons que l’inclusion s’inscrive comme une véritable philosophie d’accueil au bénéfice de tous les enfants accueillis et de leur famille, quels que soient leurs besoins et leurs spécificités ainsi qu’au bénéfice de notre projet pédagogique.